Dans notre précédent billet, nous vous avons présenté les grandes tendances à connaître en matière de vol de marchandises au Canada. Ici, Garry Robertson, directeur, Unité des enquêtes spéciales, Indemnisation à Northbridge et spécialiste interne sur la question du vol de marchandises, donne plus d’information concernant l’incidence du phénomène sur les entreprises de camionnage canadiennes, les conducteurs et les citoyens partout au pays.
Vous voulez en savoir plus? Notre document technique sur le vol de marchandises examine de plus près les tendances actuelles et présente des solutions qui pourraient aider votre entreprise.
- Quels types de vols de marchandises constate-t-on de nos jours?
Les voleurs adoptent diverses techniques. Par exemple, les groupes organisés ciblent en général certains types précis de marchandises, tandis que les voleurs individuels « magasinent » dans les parcs commerciaux et essaient de mettre la main sur des produits qui se revendent rapidement et qui rapportent gros. Dans d’autres cas, les voleurs professionnels ciblent des produits particuliers et interceptent des marchandises en cours de livraison pour répondre aux annonces faites par des courtiers de cargaisons.
- Quelles sont les préoccupations entourant le vol de marchandises?
Outre les sommes ahurissantes qui sont en jeu, les Canadiens ont de nombreuses raisons de se préoccuper. Entre autres, le vol de marchandises fait vivre le marché noir : un gros vol de marchandises peut représenter des centaines de milliers de dollars, somme qui pourrait servir à soutenir le trafic de drogues et d’armes à feu, et même à financer des actes de terrorisme. La sécurité de la population pourrait donc être intimement liée au sort des marchandises transportées.
- Quelles marchandises présentent le plus haut risque de vol?
Les marchandises stationnaires sont toujours plus à risque, surtout si elles sont entreposées dans une cour non protégée. De plus, certains moments de l’année appellent à une plus grande vigilance. Notamment, les longues fins de semaine sont des moments privilégiés par les voleurs, car ils disposent d’une journée supplémentaire pour transporter et décharger leur précieux butin. Ces vols peuvent se produire le vendredi et passer inaperçus jusqu’au retour des employés le mardi suivant.
Le vol de marchandises fait vivre le marché noir : un gros vol de marchandises peut représenter des centaines de milliers de dollars, somme qui pourrait servir à soutenir le trafic de drogues et d’armes à feu, et même à financer des actes de terrorisme.
Une bonne façon de garder des marchandises en sécurité est de s’assurer qu’elles sont toujours en déplacement et qu’elles se rendent du point A au point B le plus rapidement possible. Bien entendu, certains types de cargaisons sont plus attrayants que d’autres, comme les cargaisons d’aliments et de boissons et les cargaisons mixtes, qui se trouvent toujours en tête de liste.
- Pourquoi les cargaisons mixtes sont-elles si attrayantes pour les voleurs?
Les avantages de s’emparer d’une cargaison composée de divers types de produits génériques sont nombreux. D’abord, ces marchandises ne comportent aucune caractéristique particulière, ni numéro de série ou dispositif de repérage. C’est pourquoi ces produits de tous les jours sont difficiles à retracer. Prenons en exemple du détergent à lessive : une cargaison peut facilement se diviser en plus petites quantités et c’est un produit qui se vend presque partout et qui passera aisément inaperçu parmi les autres produits d’un magasin.
Vous vous imaginez peut-être que les marchandises volées sont rapidement transportées vers des régions éloignées. Ce n’est pas toujours le cas. Souvent, les produits atterrissent dans les marchés aux puces locaux ou dans des boutiques de quartier ordinaires, où ils peuvent être vendus immédiatement, permettant ainsi aux voleurs de réduire en un rien de temps les risques de se faire pincer.
- Quels sont les endroits au Canada où on enregistre la plus forte hausse de vols de marchandises?
Répondre à cette question est plus complexe que de simplement identifier la région où les statistiques sont les plus élevées, car en dehors du sud de l’Ontario, de nombreux vols de marchandises ne sont pas déclarés. On serait donc porté à croire que l’Ontario se place loin devant les autres régions pour le nombre de vols de marchandises, mais la réalité n’est pas si simple – et il faut s’y attarder.
À l’heure actuelle, l’Alberta est au centre de nos préoccupations. En effet, même si, historiquement, l’Ontario et le Québec sont reconnus comme étant des « foyers de vols de marchandises déclarés », on constate que la déclaration des vols de marchandises est plus constante dans l’Ouest. Les vols de cargaisons de bois de construction et d’équipements lourds sont en hausse, et l’Alberta gagne du terrain sur le Québec en matière de nombre de vols déclarés.
- Quelle est la tendance actuelle la plus surprenante (ou inquiétante) en matière de vol de marchandises?
En bref, c’est que le nombre de vols de marchandises monte en flèche. Ce n’est pas un problème nouveau, mais l’organisation et les techniques des groupes criminels du transport par camion sont de plus en plus évoluées. Par exemple, les voleurs ne s’en prennent plus simplement aux marchandises; ils volent également les remorques, qu’ils envoient à la fonte, pour ensuite revendre la ferraille. Les transporteurs et les camionneurs-propriétaires risquent donc de perdre leurs marchandises et leur mode de transport.
Les vols de cargaisons de bois de construction et d’équipements lourds sont en hausse, et l’Alberta gagne du terrain sur le Québec en matière de nombre de vols déclarés.
- D’après vous, qu’est-ce qui explique la hausse des vols de cargaisons de viande dans le sud de l’Ontario et au Québec?
Cela peut sembler une cible étrange, mais les cargaisons de viande ou de volaille peuvent rapporter gros, surtout durant la saison des barbecues! Et ce n’est pas un produit qui attire les petits criminels; pour réussir un vol pareil et en tirer des profits, les voleurs de marchandises doivent mettre en place un cadre logistique poussé qui nécessite de la coordination et des investissements.
Les criminels sont attirés par le fait que la viande peut être déchargée rapidement; et elle doit l’être. La viande avariée ne vaut rien. Il faut donc des camions réfrigérés pour transporter les cargaisons volées, ainsi qu’un réseau de personnes prêtes à vendre et à livrer immédiatement les produits aux clients. Pour y arriver, il faut du temps, de l’argent et du savoir-faire.
- Que nous apprend la hausse des vols de marchandises à Toronto et dans les alentours sur l’évolution des techniques des voleurs?
Mississauga, Brampton et Toronto sont parmi les plus importants pôles du camionnage en Amérique du Nord. Qu’on y enregistre une certaine activité criminelle est donc normal. De plus, les infrastructures jouent probablement un rôle dans la hausse du nombre de vols déclarés dans la région. En effet, comme les autoroutes 401, 400 et Queen Elizabeth Way sillonnent la région, il y a de multiples accès aux villes avoisinantes où les cargaisons peuvent être démantelées, puis revendues.
Les vols de cargaisons mixtes au centre-ville de Toronto sont également en hausse, et nous croyons que la concentration des centres de transport de charges partielles dans la ville en est responsable. Ces terminaux routiers, où les marchandises peuvent être entreposées pendant de très longues périodes avant d’être réparties, puis livrer localement, sont attrayants pour les voleurs. Et même si la majorité des terminaux routiers sont protégés, certains ne le sont pas et sont donc, évidemment, les plus vulnérables.
- Que peuvent faire les transporteurs pour se protéger contre les vols qui sont perpétrés à l’aide de systèmes de courtage en ligne?
Souvent, les vols sont le résultat d’une faiblesse dans le système. Généralement, les sociétés de courtage de cargaisons sont détenues par des propriétaires indépendants. La responsabilité de la cybersécurité repose ainsi entièrement sur chaque société individuelle. Il faut donc sensibiliser ces sociétés à l’importance d’accorder le temps et l’attention nécessaires à la sécurité de leur site Web.
Plus que jamais, le nom d’entreprises de transport est utilisé pour effectuer des vols de marchandises. Les voleurs obtiennent l’accès au système en ligne d’un courtier en cargaisons et ciblent des cargaisons précises devant être recueillies par l’entreprise victime. Ils usurpent ensuite l’identité de transporteurs légitimes afin de procéder à des cueillettes frauduleuses. Personne ne soupçonne qu’un acte répréhensible a été commis jusqu’à ce que l’entreprise victime se présente sur les lieux de la collecte et constate que ses marchandises n’y sont plus.
La responsabilité de la cybersécurité repose ainsi entièrement sur chaque société individuelle. Il faut donc sensibiliser ces sociétés à l’importance d’accorder le temps et l’attention nécessaires à la sécurité de leur site Web.
L’usurpation d’identité est un grave problème, mais ce n’est pas le seul. Comme pour un ordinateur personnel, la faiblesse des mots de passe est souvent en cause lors d’une cyberattaque. Les courtiers en cargaisons doivent songer sérieusement à protéger leurs mots de passe, limiter le nombre d’employés pouvant accéder au système et modifier les vieux mots de passe pour maintenir des défenses solides.