Les discussions autour d’une expédition de marchandises se limitent souvent aux heures de cueillette et de livraison, aux détails concernant les marchandises et aux destinations finales. Qu’en est-il de la planification du voyage? Cet aspect se limite au calcul des distances, dans l’hypothèse d’une vitesse moyenne de 70 à 80 kilomètres à l’heure, et en s’informant du statut des carnets de bord.
Il est laissé aux conducteurs de gérer chaque heure de service passée sur la route.
Mais l’équipe chargée de la répartition des voyages qui se renseigne un peu plus peut aider les conducteurs à établir des plans détaillés qui favorisent un meilleur équilibre entre les exigences des clients, les règlements sur les heures de service et la nécessité de se reposer.
C’est un processus basé sur des discussions franches et ouvertes entre les répartiteurs et les conducteurs. Après tout, un nombre surprenant de problèmes découle de simples questions d’interprétation. Un conducteur qui se fait dire de revenir au terminal « dès que possible » après avoir livré son chargement peut en déduire qu’on lui dit de faire le voyage à tout prix, même si cela signifie contourner les règlements sur les heures de service ou conduire en état de fatigue. Des politiques d’entreprise clairement énoncées peuvent lui donner un autre son de cloche. Parallèlement, un répartiteur qui suppose qu’un conducteur expérimenté saura pertinemment quand il est sur le point d’atteindre sa limite de temps de conduite peut oublier que la dernière séance de formation du conducteur était basée sur une ancienne version des règlements. Il vaut mieux ne laisser rien au hasard et donner des informations précises.
Un dialogue constant aidera également à révéler les mauvaises habitudes, notamment les pauses café prolongées ou les départs retardés qui menacent les échéanciers, même les plus raisonnables.
Examinez la durée de chaque pause repas à titre d’exemple. Les règlements sur les heures de service définissent clairement les périodes de repos minimales, mais laissent les conducteurs décider de la durée d’une pause. Si un conducteur décide de passer trois heures à un relais routier, il pourrait techniquement avoir assez de temps pour se rendre à destination. Toutefois, il est peut-être en train de gruger le temps prévu pour parer aux embouteillages, aux retards liés aux travaux de construction, à la mauvaise température ou au besoin d’un repos prolongé en cas de fatigue intense.
Les suggestions d’heures de départ précises peuvent également tout changer.
Un conducteur qui essaie de traverser la frontière canado-américaine lorsqu’il lui reste moins d’une heure de conduite disponible peut certainement s’exposer à une infraction aux règlements sur les heures de service en cas de retard imprévu.
Pour arriver à un relais routier en particulier et s’y installer, le conducteur devra tenir compte des heures de route pour arriver à destination, mais aussi d’autres facteurs, comme la période de la journée où les espaces de stationnement sont habituellement occupés. Autrement, le conducteur risque d’avoir à passer ses heures de repos sur l’accotement de la route, loin d’un environnement qui pourrait lui assurer un sommeil plus réparateur.
Les répartiteurs qui sont informés des retards occasionnés par des travaux de construction, des collisions et d’autres facteurs qui grugent du temps seront en mesure de transmettre l’information aux conducteurs et de planifier les trajets à venir en conséquence.
Bien entendu, les expéditeurs et les destinataires ont également un rôle à jouer dans le processus de planification du voyage. Le personnel responsable de la répartition qui travaille de concert avec ses clients peut souvent régler un certain nombre de problèmes, veillant ainsi à ce que la marchandise continue d’arriver à temps et en parfait état.
Nous sommes à l’ère des livraisons attendues « juste à temps », n’empêche que les retards continuent d’être une réalité inévitable. Quelques petits changements pourraient atténuer grandement les problèmes que ces retards peuvent causer à tout quai de chargement.
On s’attend souvent à ce que les conducteurs restent à l’écoute de leur radio durant toute période de retard en attendant qu’on leur indique le moment de se diriger vers le prochain quai de chargement disponible. Les destinataires qui souhaitent devenir de vrais partenaires dans le processus de planification d’un voyage peuvent parfois trouver le moyen de permettre aux conducteurs en attente de monter dans leur couchette pour une période définie, leur donnant ainsi la chance de se reposer un peu. Toutes directives précises pour assurer un espace de stationnement sécuritaire dans des aires de repos sont certainement préférables aux situations où les conducteurs doivent déplacer leur équipement alors même qu’ils devraient, selon leur carnet de bord, être stationnés pour une période de repos.
Le camionnage est une entreprise, et les marchandises doivent arriver à bon port, en bonne condition et à temps. L’amélioration des procédures de répartition des voyages et des cédules de livraison peut également nécessiter des changements dans la culture même d’une entreprise. Les personnes favorables à l’idée d’une bonne planification des voyages seront en mesure de veiller à ce que les marchandises soient protégées, les conducteurs reposés, et que tout le réseau routier devienne un peu plus sécuritaire.
Voilà qui devrait aider tout le monde à dormir un peu mieux.