Personne n’ignore que le camionnage peut être une carrière stressante. Les horaires de livraison juste-à-temps, les règlements sur les heures de service, le mauvais temps et les bouchons de circulation semblent souvent se liguer contre ceux qui travaillent derrière le volant. Pour compliquer les choses, les défis apportés par chaque jour de travail peuvent s’ajouter au stress de la vie quotidienne, qu’il soit lié à une dispute avec son conjoint(e) ou à des difficultés financières.
Chacun de ces types de stress peut influer sur la sécurité routière.
Les heures passées sur le siège du conducteur laissent beaucoup de temps pour penser à une grande variété de problèmes : il devient difficile de se concentrer sur toute autre chose – surtout lorsque les sentiments se transforment en colère.
Dans le cadre d’un séminaire sur la conduite préventive, par exemple, j’ai demandé à un conducteur à qui on avait coupé la route plus tôt de me raconter l’incident. Il a parlé de tous les détails, du Suburban rouge à la plaque d’immatriculation, en passant par la conductrice qui parlait au cellulaire. Il a pu décrire toutes les actions qu’il a prises à partir du moment où il a freiné ainsi que la colère qu’il a ressentie.
Je lui ai ensuite demandé de me décrire les autres véhicules qui se trouvaient près du camion à ce moment précis. Il n’en avait aucun souvenir. Sa réaction constituait un exemple clair de la vision tubulaire causée par la colère.
Les conducteurs prudents choisissent d’adopter une attitude calme et professionnelle en tout temps lorsqu’ils se trouvent derrière le volant, mais cette décision leur impose d’évaluer leur état d’esprit avec autant de soin qu’ils contrôlent la course des freins pendant une vérification avant départ. En effet, tout sentiment de stress doit être géré avant de démarrer le moteur.
Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, une des premières étapes pour combattre le stress inclut la détermination de la source sous-jacente de tout problème et la prise de mesures pour s’y attaquer. Ainsi, il pourrait être nécessaire de consulter un expert financier pour des problèmes d’argent ou un conseiller familial pour des problèmes conjugaux. Même l’activité physique et les exercices d’étirement peuvent grandement diminuer la tension.
Les gestionnaires jouent néanmoins leur propre rôle de soutien.
Un répartiteur ou un responsable qui répond à un appel d’un conducteur en colère doit évidemment gérer un défi immédiat, comme un expéditeur qui refuse d’accepter un chargement. Le premier objectif est d’aider à désamorcer la situation. Toutefois, il est aussi important d’explorer la cause profonde de la colère. La frustration exprimée au quai de chargement peut être associée à des accrocs concernant un horaire, mais le véritable problème par rapport à un retard particulier pourrait bien être d’avoir manqué une fête de famille.
Les problèmes de ce type sont souvent découverts une fois les esprits plus calmes et lorsque des rendez-vous sont fixés pour en discuter une fois le camion garé.
Bien sûr, les problèmes sous-jacents peuvent aussi être beaucoup plus complexes et ne pas se résumer à une seule situation. Des maladies, comme la dépression clinique, peuvent ébranler un employé et passer inaperçues même sous les yeux de tous.
Selon le site www.ladepressionfaitmal.ca, les symptômes de la dépression incluent une tristesse tout au long de la journée, une perte d’intérêt par rapport à ses activités favorites, un sentiment de culpabilité excessif ou une difficulté à prendre des décisions. On peut remarquer un sentiment de fatigue, un changement des habitudes de sommeil ou encore une perte ou un gain de poids.
Un programme d’aide aux employés (PAE) constitue un excellent outil pour distribuer de l’ information sur les maladies de ce type, ainsi que sur tout autre facteur pouvant causer un stress supplémentaire. Certains transporteurs ont même étendu la portée de leurs PAE afin d’inclure des programmes d’aide aux employés et leur famille, contribuant à s’attaquer aux causes profondes de la liste la plus exhaustive possible des problèmes vécus par la famille d’un conducteur.
Dans le cadre de mon travail au sein d’une entreprise de transport, j’ai assemblé des renseignements sur plusieurs questions liées au bien-être émotionnel, comme les relations avec un parent âgé, le mieux-être financier et la santé mentale. J’ai ensuite laissé le produit de mes recherches dans le coin-repas des conducteurs avec les coordonnées du fournisseur du PAE. Tout document ou CD pouvait être emprunté de façon anonyme, sans qu’aucune question ne soit posée.
Des programmes de mentorat peuvent constituer une autre source de soutien, guidant les conducteurs en ce qui concerne les problèmes liés aux habitudes de vie qui existent dans l’industrie du camionnage. Ces programmes ont tendance à être plus efficaces lorsqu’ils incluent une personne autre que le supérieur immédiat ou un pair, car les gens sentent qu’ils ne seront pas jugés lorsqu’ils aborderont un problème.
Collectivement, ces mesures aideront les conducteurs à gérer toutes les sources de stress et à rester concentrés sur la route.
Considérez-les comme des éléments de l’entretien préventif d’un état d’esprit sain.