Ces dernières années, vous avez peut-être remarqué que les hivers sont plus courts et plus doux au Canada. Bien que cette situation facilite grandement les déplacements des usagers de la route, il s’agit d’une préoccupation grandissante dans le secteur agricole canadien. Les Prairies canadiennes, qui abritent 80 % des terres agricoles du Canada, sont particulièrement touchées et connaissent déjà des périodes de réchauffement précoce et accéléré par rapport à la moyenne mondiale.
Pour réduire l’incidence environnementale des changements climatiques, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 17 %, sous les niveaux d’émissions de 2005, d’ici 2020 et de 30 %, d’ici 2030. Les agriculteurs (particulièrement en Alberta) contribuent à cette initiative en réduisant le travail du sol, en adoptant des mesures de conservation des récoltes et en générant de l’énergie renouvelable à partir du biogaz provenant de l’engrais.
Nous vous présentons ci-dessous les occasions à saisir par les agriculteurs ainsi que les défis qu’ils auront à relever au rythme des changements climatiques.
Occasions de « verdir » les pratiques agricoles
Dans un pays septentrional comme le Canada, le réchauffement climatique est plus prononcé, ce qui entraîne des saisons sans gel plus longues. L’Alberta est la province qui pourrait profiter le plus de la hausse des précipitations estivales et hivernales. La Saskatchewan et le Manitoba, quant à elles, connaîtraient peu de changement ou des hausses plus modestes. Des températures plus clémentes peuvent également entraîner une baisse des coûts énergétiques en plus d’être bénéfiques pour la production de bétail, puisque les besoins alimentaires des animaux seraient moindres et que le taux de survie du jeune bétail augmenterait.
Les changements climatiques permettraient également d’améliorer la qualité des sols en accentuant la fixation de carbone au moyen d’un modèle d’agriculture à faible intensité de carbone. Ce modèle propose des pratiques agricoles sans labour (méthodes de récolte limitant le travail du sol d’année en année), des méthodes de culture de couverture (qui favorisent l’activité microbienne dans le sol) ainsi qu’un modèle de gestion holistique popularisé par le biologiste Allan Savory (technique de pâturage). La conversion des cultures annuelles aux cultures pérennes et aux pâturages pourrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Défis prochains à relever
Les systèmes agricoles ont de la difficulté à s’adapter aux différents événements météorologiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses, lesquelles entraînent davantage de glissements de terrain, d’avalanches, de tornades et de blizzards. Les phénomènes extrêmes peuvent même entraîner une réduction de 50 % des récoltes moyennes lorsque les conditions de cultures sont adéquates ou normales. Cette situation peut avoir une incidence sur la sélection de cultures que les agriculteurs envisagent de planter.
Des températures plus chaudes signifient également des étés plus chauds, ce qui peut devenir un problème pour les producteurs de bétail, qui doivent faire face aux pertes d’animaux causées par les vagues de chaleur. D’autres répercussions possibles seraient un recul de la production de lait et de la reproduction des animaux laitiers ainsi que des pertes pondérales chez les bovins de boucherie. Des concentrations plus élevées de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère et une plus grande utilisation de pesticides et d’agents pathogènes sur le bétail et les récoltes pourraient favoriser la prolifération de mauvaises herbes. La fabrication, le transport et l’utilisation de pesticides peuvent également entraîner une hausse de la consommation d’énergie pour les agriculteurs.
Fait encore plus inquiétant : en avril 2015, la profondeur de navigation des Grands Lacs a diminué d’environ 30 cm, mettant en jeu les déplacements des navires et la disponibilité des ressources en eau futures.
Bien qu’il y ait beaucoup d’incertitudes quant à l’avenir de l’industrie agricole au Canada, une chose est claire : il faut s’attendre à davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, à une érosion des sols et à une hausse des températures moyennes. Les agriculteurs doivent se tourner vers des pratiques agricoles plus environnementales afin de mieux s’adapter aux changements climatiques et rester en affaires.