Le sujet des femmes et du camionnage suscite un intérêt grandissant dans le secteur du transport et de la logistique depuis quelques années. À l’occasion de notre récente journée de reconnaissance générale, nous avons invité des femmes du milieu à venir prendre la parole à notre table ronde pour présenter leurs propres points de vue et expériences, tout en explorant les moyens de promouvoir le secteur auprès de la nouvelle génération de femmes. Pour approfondir la question, nous nous sommes entretenus avec Helen Thorpe, formatrice en chef au Seaboard Transport Group, à propos de ses années d’expérience dans l’industrie comme conductrice, répartitrice et formatrice.
Northbridge Assurance : Qu’est-ce qui vous a attirée dans le secteur du transport et de la logistique?
Helen Thorpe : Avant de travailler dans le secteur, j’ai été mise à pied trois fois en deux ans. Je me suis donc mise en quête d’un secteur stable qui pourrait m’offrir à la fois un salaire décent et de bonnes perspectives de croissance professionnelle et personnelle. Une nouvelle carrière en transport et logistique répondait à tous mes critères du moment.
Trouvez-vous que les femmes sont traitées différemment des hommes dans ce milieu? Si oui, de quelle façon?
Je ne crois pas qu’il y a de différence. Je reconnais qu’il y a des conducteurs qui pensent que les femmes n’ont pas leur place au volant d’un camion, mais, heureusement, je trouve qu’ils se font rares de nos jours – ou du moins, ils ne se manifestent pas. Globalement, mon expérience a été positive. Je sens que mes confrères camionneurs ont été aidants, encourageants et respectueux.
Pourquoi recommanderiez-vous à d’autres femmes de faire carrière en transport et logistique?
Je le recommanderais parce que je sais que le transport routier comporte de nombreux débouchés, sur la route et ailleurs. Il y a parfois de grands défis, mais c’est aussi très gratifiant. Quand j’étais conductrice, je ressentais une satisfaction immense à déplacer des produits ou des pièces d’équipement de façon professionnelle et efficace. Comme répartitrice, terminer une livraison et voir un conducteur heureux et un client satisfait me donnait un véritable sentiment d’accomplissement. Dans mes fonctions de responsable de la sécurité et de la formation, le défi est de transmettre mon expérience et mes connaissances à une cohorte de conducteurs et d’employés de soutien. J’aime avoir la chance de porter de nombreux chapeaux en même temps : je suis à la fois négociatrice, policière, conseillère et enseignante!
Quels sont les défis particuliers que vous avez dû relever en tant que camionneuse?
Mes plus grands défis ont été de trouver des haltes routières où je me sentais assez en sécurité pour passer la nuit et des toilettes propres. Il est arrivé qu’on me dise qu’il n’y avait pas de toilettes pour les conducteurs, hommes ou femmes. L’équipement est un faux problème. Il faut s’y faire, car on ne peut pas fabriquer des remorques plus petites ou plus légères; les systèmes de bâchage automatiques ou les barres de manœuvre des diabolos motorisés sont ridiculement chers et difficiles à entretenir.
Heureusement, il y a un vaste éventail d’emplois possibles dans le secteur. Si un conducteur n’a pas la carrure nécessaire pour poser la bâche ou atteler un chargement ou qu’il n’aime pas les hauteurs, cet homme ou cette femme peut travailler dans une autre sphère de l’industrie où les défis sont d’un autre ordre.
Que pourraient faire les transporteurs pour attirer plus de femmes dans l’industrie?
D’abord, je crois qu’ils devraient arrêter de faire uniquement de la publicité dans les publications du secteur. Qu’ils en mettent aussi dans les médias grand public! Qu’ils aillent dans les écoles, les collèges communautaires ou les organisations de jeunes filles comme les Guides du Canada pour présenter le secteur du transport comme un choix de carrière viable pour les femmes. Qu’ils fassent savoir aux filles et aux femmes que, dans l’industrie, on ne fait pas que conduire des camions! Comme dans tous les secteurs, il y a de nombreuses facettes, comme le fonctionnement de l’entreprise, l’entretien du parc de véhicules, les ressources humaines, le marketing et la comptabilité.
J’entends parfois des gens dire que « les camions automatiques facilitent le travail des camionneuses » ou parler de « l’ergonomie des camions conçus pour les femmes », et ça me dérange. Comme camionneuse, je suis très fière de pouvoir manœuvrer toutes les boîtes de vitesse. Bien entendu, l’embrayage d’un camion est plus rude que celui d’une voiture, mais ce n’est pas impossible. Si quelqu’un n’arrive pas à enfoncer la pédale d’embrayage, je mettrais en doute sa condition physique générale avant de considérer que c’est une question de sexe. J’ai l’impression que certains partent d’une bonne intention, mais qu’ils sont plutôt condescendants envers les femmes. Surtout, la première étape serait de s’assurer qu’il y a des toilettes, des douches et d’autres installations à la disposition des conductrices et des mécaniciennes.
Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail de formatrice?
J’aime avoir la chance d’agir comme mentor auprès des employés tout en ayant une influence sur l’entreprise à plus grande échelle. Lorsqu’il y a de nouveaux employés, je les accueille dans l’entreprise et je leur transmets mon savoir. Je les encourage à réussir tout en étant prudents. J’adore recevoir des commentaires des conducteurs que j’ai formés, parce qu’ils maîtrisent une nouvelle compétence essentielle, comme le transport de vrac liquide, ou simplement parce qu’ils s’arrêtent en passant pour me remercier de les avoir formés et aidés. Concevoir de nouveaux modules ou programmes de formation et voir qu’ils sont intégrés à la culture de l’entreprise et aux procédures est aussi un aspect formidable de mon travail.
Que feriez-vous si vous n’aviez pas entrepris une carrière en transport et logistique?
Je ne sais pas du tout. Je travaillerais peut-être en photographie ou comme gestionnaire dans l’industrie de l’hébergement. Quand on carbure au diesel, c’est très difficile de vouloir faire autre chose!
Pour obtenir plus d’informations et des conseils sur l’industrie de la logistique et sur les femmes et le camionnage, surveillez nos prochains billets de blogue.