Au Canada, la météo est devenue plutôt imprévisible. L’hiver est-il vraiment fini ou nous réserve-t-il encore des surprises? Devrait-on s’attendre à des inondations dans les semaines à venir? Les températures estivales fracasseront-elles de nouveaux records? Les modèles météorologiques ont parfois tort, mais ils révèlent néanmoins certaines tendances sur la température et les événements météorologiques extrêmes au Canada. Le principal constat qui s’en dégage est que le cycle saisonnier n’est plus aussi régulier qu’il l’a déjà été, ce qui mène à la question suivante : quelles sont les répercussions des changements climatiques sur l’agriculture au Canada?
Selon le gouvernement du Canada, il existe plusieurs scénarios différents d’une province à l’autre. Il n’en demeure pas moins que l’industrie agricole est présente dans l’ensemble du pays et que toutes les provinces ressentent les effets de l’instabilité du climat et des grands changements qui en découlent. L’urgence d’une action demeure impérieuse : le Canada s’est engagé, d’ici 2030, à réduire ses émissions de GES de 30 % sous les niveaux d’émissions de 2005, comme le souligne le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Les agriculteurs contribuent à cette initiative en réduisant le travail du sol, en adoptant des pratiques de culture qui favorisent la conservation du sol et en générant de l’énergie renouvelable à partir du biogaz provenant de l’engrais.
L’avenir réserve des défis et des possibilités aux Canadiens. Si la question « quelles sont les répercussions des changements climatiques sur l’agriculture au Canada? » peut sembler simple, la réponse l’est moins, car elle dépend de la continuité ou du changement des tendances actuelles ainsi que de la façon dont y réagiront les agriculteurs, les gouvernements et l’industrie agricole dans son ensemble.
Occasions de « verdir » les pratiques agricoles
Comme le mentionne un récent rapport d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, le Canada est un pays septentrional, ce qui veut dire que le réchauffement devrait y être plus marqué qu’en moyenne dans le monde. Des températures plus élevées et de plus longues saisons sans gel pourraient faire augmenter le rendement des cultures en général, surtout dans les régions au nord ainsi que dans le sud et le centre des Prairies, où le réchauffement sera plus accentué.
Dans le même rapport, on apprend que l’Alberta est la province qui pourrait profiter le plus de la hausse des précipitations estivales et hivernales. La Saskatchewan et le Manitoba, quant à elles, connaîtraient peu de changement. Des températures plus clémentes peuvent entraîner une baisse des coûts énergétiques et des besoins en alimentation des animaux, ainsi qu’une hausse du taux de survie du jeune bétail.
Le Canada s’est engagé à réduire, d’ici 2030, ses émissions de GES de 30 % sous les niveaux d’émissions de 2005.
Les changements climatiques représentent également une occasion d’améliorer la qualité des sols, en adoptant un modèle d’agriculture qui augmente la séquestration du carbone. Ce modèle propose des pratiques agricoles limitant le travail du sol d’année en année, des méthodes de culture de couverture (qui favorisent l’activité microbienne dans le sol) ainsi qu’un modèle de gestion holistique popularisé par le biologiste Allan Savory (technique de pâturage). La conversion des cultures annuelles aux cultures pérennes et aux pâturages pourrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Les défis imminents qu’engendreront les changements climatiques
Maintenant, la mauvaise nouvelle. Les systèmes agricoles ont de la difficulté à s’adapter aux différents événements météorologiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses, lesquelles entraînent davantage de glissements de terrain, d’avalanches, de tornades et de blizzards, qui peuvent réduire la production agricole de 50 % comparativement à la production moyenne dans des conditions normales. Comme ces risques peuvent influencer le choix de culture qui s’offre aux agriculteurs, des hivers canadiens plus courts et une saison de culture plus longue ne se traduisent pas nécessairement par des récoltes plus abondantes et plus rentables.
Des températures plus chaudes signifient également des étés plus chauds, ce qui peut devenir un problème pour les éleveurs de bétail, qui doivent faire face aux pertes d’animaux causées par les vagues de chaleur. Le rapport d’Agriculture et Agroalimentaire Canada mentionne également des répercussions importantes sur l’industrie laitière, comme le recul de la production de lait et de la reproduction des animaux laitiers ainsi que la diminution du gain pondéral chez les bovins de boucherie. En outre, des concentrations plus élevées de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère et une plus grande utilisation de pesticides et d’agents pathogènes sur le bétail et les récoltes pourraient favoriser la prolifération de mauvaises herbes. Enfin, la fabrication, le transport et l’utilisation de pesticides peuvent également entraîner une hausse de la consommation d’énergie pour les agriculteurs.
Des hivers canadiens plus courts et une saison de culture plus longue ne se traduisent pas nécessairement par des récoltes plus abondantes et plus rentables.
Les modèles météorologiques jettent une ombre funeste sur le paysage agricole canadien. La carte de l’Atlas climatique propose un scénario à « haute teneur en carbone » et un scénario à « faible teneur en carbone », qui illustrent tous les deux une perturbation, dans des mesures différentes, du fragile équilibre entre les températures et les précipitations. Tous les cultivateurs-grainetiers vous le diront, pour qu’une culture produise un bon rendement, il lui faut la bonne quantité de pluie et la bonne quantité de chaleur au bon moment de l’année.
Bien qu’il y ait beaucoup d’incertitudes quant à l’avenir de l’industrie agricole au Canada, une chose est claire : il faut s’attendre à davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, à une érosion des sols et à une hausse des températures moyennes dans les années à venir. La capacité d’adaptation sera un atout indéniable pour les agriculteurs et les entreprises agricoles : adopter des pratiques agricoles écoresponsables, découvrir de nouvelles façons de tirer parti des changements climatiques et améliorer la protection des actifs de votre entreprise pourrait vous donner un net avantage sur vos concurrents.